ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1221

LE SPECTATEUR INCONNU (1723-1724)

1Titres Le Spectateur inconnu.

2Dates Octobre 1723 - juillet 1724. Un volume. Privilège du 27 novembre 1723. Annoncé bimensuel. On trouve dix feuilles, non datées, dont deux doubles. Les feuilles portent leurs approbations, datées. Première feuille: approbation du 28 octobre 1723, dernière: approbation du 4 juillet 1724. Le journal ne fut donc pas bimensuel, mais à peu près mensuel.

3Description Dix feuilles, dont les deux dernières sont doubles (51 et 42 p.), alors que les autres feuilles, de 1 à 6, ont 24 p. chacune.

24 p. par cahier, total: 239 p.; 90 x 160, in-12.

4Publication A Paris, chez Jean Musier, à l'entrée du quai des Augustins, du côté du pont Saint-Michel, à l'Olivier.

5Collaborateurs Abbé François GRANET; mais Hérissant l'attribue au père Buffier.

6Contenu Ni préface ni prospectus. Un avis du libraire qui dit qu'il tient le texte d'un «inconnu». Au début de la première feuille, l'auteur se compare à trois autres Spectateurs: anglais (celui d'Addison), français (Marivaux, 1721-1724) et suisse (Des Fourneaux, 1723).

Le journal contient d'abord un badinage mondain sur la conversation et les femmes (dont certaines «valent les hommes les plus estimés pour leurs qualités intellectuelles»). L'auteur parle à la première personne et utilise le procédé des «lettres du lecteur». Sa critique littéraire est très conventionnelle, fondée sur Aristote et Terrasson. Il réclame la soumission aux règles du genre, à la vraisemblance, au respect de la morale et de la religion catholique.

Centres d'intérêt: le genre littéraire, spécialement l'épopée, et la tragédie. 4 feuilles sur 10 sont consacrées à La Henriade.

Auteurs étudiés: Voltaire, La Motte (Inès de Castro), Fontenelle, Pope, Addison, Horace, Mme de La Fayette.

Pas de table.

7Exemplaires Ars., 8º H 26360.

8Bibliographie DP2, art. «Granet». – Gilot M., Les Journaux de Marivaux, Paris, Champion, 1975.

Historique L'attribution du Spectateur inconnu à l'abbé Granet est généralement admise (Cior 18, B.H.C., DP2). A cette époque, Granet, s'il n'est pas tout à fait «inconnu», n'a encore rien publié. Il a commencé à travailler à la Bibliothèque française, mais c'est seulement à la fin des années 20 qu'il va collaborer avec Desfontaines aux périodiques littéraires pour lesquels il fournira un si important travail de lecteur et de commentateur (Nouvelliste du Parnasse, Observations sur les écrits modernes). Le Spectateur inconnu est donc la première œuvre journalistique de Granet, et il en est le seul auteur. Le ton qu'il adopte (de moraliste, observateur de la société et reflet de ses engouements) fait partie du genre du Spectateur inauguré par Addison. Il est intéressant dans la mesure où Granet dit Je et semble se livrer plus que par la suite. En fait, cette forme, si appropriée à la personne d'un Marivaux, ne convenait guère au caractère convenu, discret et réservé qui a toujours été le sien, et très vite, après les premières feuilles assez mondaines et moralisantes, il en arrive au ton plus sérieux du critique littéraire qui le fit tant apprécier de Desfontaines. Dès la troisième feuille, il précise, à propos des Nouvelles littéraires de Desmolets, les quelques principes qui resteront les siens, dans toute sa carrière de journaliste, jusqu'à ces Réflexions sur les ouvrages de littérature, qu'il publie seul, de 1736 à 1740, alors qu'il collabore encore avec Desfontaines à la même époque aux Observations sur les écrits modernes et avec Desmolets au Recueil de pièces. Les notes manuscrites que l'on trouve en marge de l'édition du Nouvelliste du Parnasse qu'il possédait et qui est conservée à la B.N. (Rés. 2982-2983), laissent entrevoir qu'il n'était pas toujours d'accord avec son collaborateur Desfontaines, ni avec sa façon de concevoir et de pratiquer la critique. Ces principes, les voici: «Ne pas prendre la résolution de louer plus que de blâmer. Ne pas parler des ouvrages qu'on n'a pas lus. Ne pas faire de publicité pour des ouvrages non parus. Lire les ouvrages d'un auteur avec réflexion».

Sa critique de La Henriade, développée sur 93 p. est certainement un morceau intéressant à ranger dans une bibliographie de la critique de Voltaire au moment où paraît La Henriade.

Quant aux circonstances qui ont amené la cessation du périodique, elles ne nous sont pas connues.

Madeleine FABRE

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)