ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 525

GAZETTE FRANÇAISE DE SAINT-VINCENT (1788)

1Titres Gazette française de Saint-Vincent. Titre encadré avec en dessous l'indication de la date et du numéro.

2Dates Hebdomadaire publié le mercredi à partir du 12 mars 1788. Un volume par an. Le prospectus est daté du 9 février 1788.

3Description Le numéro paraît sur 4 p. à 2 colonnes, avec des suppléments occasionnels de 2 p. 180 x 280, in-folio. Pagination continue. Sans devise ni illustration.

4Publication A Kingstown, île de Saint-Vincent, de l'imprimerie de J. Berrow.

On s'abonne à Saint-Vincent, chez l'imprimeur; à Roseau, île de la Dominique, chez Berrow et Galagher, imprimeurs; à la Grenade, auprès de Mr Brewman, au bureau de poste; à Tabago, chez M. Burnet, imprimeur; à la Trinité, auprès de Mr Kelly; et pour les îles françaises, auprès de M. Pierre, directeur de la poste au Fort-Royal, Martinique, et de M. Du Faure, négociant à Castries, île de Sainte-Lucie.

Le prix de l'abonnement annuel est de 41 # 5 s. Les annonces et avis divers sont insérés au tarif «d'une piastre par paragraphe».

6Contenu Dans leur prospectus, les rédacteurs de la Gazette de Saint-Vincent s'engagent à publier «les nouvelles politiques et de commerce [...] les plus récentes». Ils publieront également des «annonces et avis divers» et donneront «le tableau exact et suivi des navires qui entreront et sortiront de [la] rade [de Kingstown], une note des marchandises dont ils seront chargés et leur prix courant».

Le contenu réel du journal suit les grandes lignes du contenu annoncé. Principales rubriques: 1) Nouvelles politiques et commerciales extraites de différents journaux. 2) «Saint-Vincent» (nouvelles de l'île et des îles avoisinantes; nouvelles provenant de sources particulières). 3) «Mouvement de la rade». 4) Prix courants (prix des denrées et marchandises importées; prix des denrées coloniales). 5) Avis et annonces.

7Exemplaires Collection consultée: A.N., Section Outre-mer, Recueil Colonies, 2e série, 30 / bibliothèque Moreau de Saint-Méry, 32, Prospectus, nº I (12 mars 1788), II-VI (2 avril-30 avril 1788; p. 1-24).

Historique Bien qu'officiellement déclarée «île neutre», Saint-Vincent, comme Sainte-Lucie ou la Dominique, passe tour à tour sous domination anglaise ou française tout au long du XVIIIe siècle. Possession anglaise à la suite du traité de Paris, elle est occupée en 1779 par le comte d'Estaing, lors de la guerre d'Indépendance américaine, puis rendue à l'Angleterre par le traité de Versailles de 1783.

Une grande partie des colons établis à Saint-Vincent étaient d'origine française, et c'est à eux qu'est d'abord destinée la Gazette française de Saint-Vincent qui commence sa publication au mois de mars 1788. Mais ses rédacteurs voudraient aussi étendre sa diffusion aux autres îles anglaises qui, comme la Grenade ou la Dominique, ont une importante population française, et même aux îles sous domination française. Pour conquérir ce dernier public, les rédacteurs du journal affirment avoir deux atouts: la possibilité, d'une part, d'offrir à leurs abonnés «les nouvelles les plus récentes» en raison du service régulier de «paquebots» qui relie l'Angleterre à ses possessions de la mer des Antilles, celles-ci ayant «l'avantage [...] de recevoir un Paquebot tous les quinze jours» — un service identique avait été institué en 1786 entre la France et ses colonies mais il sera officiellement supprimé en juillet 1788; le fait, d'autre part, que la censure et les lois sur la presse sont beaucoup moins sévères dans les possessions anglaises: «Un autre avantage plus précieux encore, est celui de pouvoir publier [ces nouvelles] sans réticence; la liberté dont nous avons le bonheur de jouir ne connaît d'autre frein que celui de la décence et de l'honnêteté» (Prospectus). Cette relative liberté de presse avait déjà fait le succès de la Gazette des Petites-Antilles publiée à partir de 1774 à la Dominique alors possession anglaise. Jouissant de l'impunité, ce dernier journal ne ménageait pas les critiques à l'égard de la France et de son administration coloniale, et s'adressait en fait bien plus aux îles françaises, où il était lu avec avidité, qu'aux possessions anglaises de la mer des Antilles. Rappelant ce précédent dans leur Prospectus, les rédacteurs de la Gazette de Saint-Vincent tiennent à s'en différencier: «Cette Gazette ne sera point une suite de ces Libelles qui sous les noms de Gazette et de Courier des Petites-Antilles, déchiraient sans pudeur et sans choix les gens en place et quelquefois les simples particuliers [...], elle sera toujours utile et jamais nuisible. Si parfois nous y insérons des faits isolés et particuliers, ils seront de notoriété publique et par là même rentreront dans la classe des nouvelles générales» (ibid.). Malgré cette déclaration de principes, dès le nº V, dans un «Avis aux négociants du monde entier», les rédacteurs de la Gazette portent sur la voie publique un différend qui les oppose à un commerçant de Saint-Pierre, le sieur Le Deuffe (p. 20).

La Gazette de Saint-Vincent semble s'être heurtée dès le début à des difficultés de distribution et à des problèmes financiers, et il est possible qu'elle ait dû très tôt cesser sa publication. Le Deuffe, par exemple, que dénoncent les rédacteurs de la Gazette, était chargé de recevoir et de distribuer les exemplaires du journal à la Martinique, mais il refuse bientôt d'accepter les paquets qu'on lui envoie. Et si, comme l'annonçait le Prospectus, le premier numéro du journal paraît le 12 mars, le deuxième numéro n'est publié que le 2 avril, trois semaines plus tard, le «Sr Berrow n'ayant pas encore reçu un nombre suffisant de souscriptions pour l'indemniser des frais d'impression» (p. 4). Une autre source de revenu semble aussi faire défaut, si l'on en juge par la rareté des avis et annonces publicitaires insérés dans les numéros de la collection disponible.

Alain NABARRA

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)