ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 590

*LE GRAND TABLEAU DE LA NATURE HUMAINE (1734)

1Titres Le Grand tableau de la nature humaine, ou les Spectateurs et les Spectatrices travestis dans leur quintessence: avec des Notes explicatives, et des Reflections critiques, morales et spectatoriales.

Un numéro d'essai avait paru sous le titre: Le Grand tableau de l'humanité, ou les Spectateurs et les Spectatrices travestis.

2Dates Le millésime de 1734 figure au bas du titre général du recueil, mais le numéro d'essai n'est pas daté, non plus qu'aucun des vingt «discours» qui composent la collection. Quant à la périodicité, elle n'est annoncée nulle part. Cependant, dans une note du septième discours (p. 126, note 4), le journaliste rappelle que sa «Société s'étoit comme engagée de donner deux Feuilles de 8. pages par Semaine; mais comme [...] il nous auroit fallu partager la plupârt de nos Discours en trois & plusieurs en quatre parties, nous avons trouvé à propos de le changer, & de donner, comme nous avons fait jusques ici, tous les Lundis une Feuille de 12. jusqu'à 16. pages, suivant que le Sujet le demandera». Cette périodicité hebdomadaire est confirmée par l'allusion à «l'arrivée du Printems» que l'on trouve dans le douzième discours (p. 220, note 9) et par le fait que le recueil des vingt discours publiés devait compter «pour une demi année». On peut donc admettre que le Grand Tableau de la nature humaine a paru de semaine en semaine du lundi 4 ou du lundi 11 janvier 1734 jusqu'au lundi 17 ou au lundi 24 mai 1734. Quant au numéro d'essai, il avait dû voir le jour au début de décembre 1733, puisque en réponse à l'appel qu'il contenait, le journaliste reçut des lettres (publiées dans le deuxième discours) s'échelonnant du 10 décembre 1733 au 5 janvier 1734.

3Description Le numéro d'essai compte 20 p. in-8º. Les vingt «discours» forment un volume de [VI]-376 p. in-8º, chaque discours comptent en général 16 p., parfois 12 ou 20, exceptionnellement 32.

Le titre général, imprimé en deux couleurs, porte en épigraphe: Sine me Liber ibis in Orbem, Nec Autoris nomina fronte feres. Chaque discours comporte en outre sa propre épigraphe.

Ni devise, ni illustration.

4Publication L'adresse du titre général: «A Berne, chez Emmanuel Hortinus» est celle de l'imprimeur[212]. On sait d'autre part, grâce à une annonce parue dans le Mercure suisse de février 1734 (p. 95), que le périodique était distribué par les libraires bernois Gottschall & Comp., dont le nom figure également à la p. 376e et dernière du recueil.

Le prix de la souscription «pour la demi année», soit pour le volume renfermant les discours I-XX était d'«un Ecu ou trois Livres tournoises» (p. 376). On ignore le prix au numéro. Aucune indication sur le chiffre du tirage.

5Collaborateurs L'anonymat proclamé par l'épigraphe du titre n'a pas été levé jusqu'à présent. En signature d'une lettre, les rédacteurs se nomment eux-mêmes «La Nouvelle Côterie Spectatrice de Berne» (p. 21) et dans une note placée en appendice du vingtième discours (p. 375), on peut lire: «Nous nous voyons obligez, en finissant ce Discours, de prendre congé du Public, et de mettre fin en même tems, à nôtre Ouvrage: Le changement de Situation, qui est arrivé depuis peu de tems, au principal des Autheurs, & des nouvelles affaires, qui lui sont survenuës, lui donneront à l'avenir trop d'occupation, pour qu'il lui reste du tems à en doner la continuation». L'auteur «principal» en question était-il peut-être ce même Jean-Jacques Depraz qui avait rédigé la Gazette de Berne de 1721 à 1734 et qui devait lancer le Désœuvré en juillet 1734? Il est certain, en tout cas, que le rédacteur du Grand tableau de la nature humaine devait résider à Berne et devait posséder à la fois l'allemand et le français.

6Contenu Dans sa dédicace «aux dames de Berne», l'auteur donne le programme de sa feuille: «je me propose, écrit-il, de traduire en François quelques Discours, qui n'ont paru qu'en Allemand; J'en ai de quatre Auteurs différens [...]. Le plus illustre des Auteurs de ces Discours est le Patriote, célèbre dans toute l'Allemagne [...]. Un de mes autres Auteurs s'appelle les Peintres, & doit le jour à une Société, qui s'est formée à Zurich. Le troisiéme est une production de quelques Dames d'Allemagne, qui s'élevant au-dessus du vulgaire de leur sexe, font paroître une grande délicatesse dans leur goût & dans leur esprit [...]. Enfin le quatriéme Auteur, dont je prétends tirer la Quintéssence, est le Spectateur de cette Ville, publié par Feuilles volantes pendant les Années 1722. 1723. & 1724. Voilà mes Heros [...]».

Le contenu réel du périodique répond tout à fait à ce plan et le Grand tableau de la nature humaine offre en effet la traduction commentée de morceaux parus dans plusieurs «Spectateurs» de langue allemande, dont voici le détail: Der Patriot (Hamburg): nº 1 (5 janv. 1724) traduit dans le numéro d'essai et repris dans le Ve Discours; nº 2 (13 janv. 1724) traduit dans le IXe Discours; nº 3 (20 janv. 1724) traduit dans le XIIIe Discours; nº 4 (27 janv. 1724) traduit dans le XVIe Discours; nº 107 (17 janv. 1726) traduit dans le XVIIIe Discours. B) Die Discourse der Mahlern (Zürich, 1721-1723): nº I traduit dans le IIIe Discours; nº V traduit dans le VIe Discours; nº VII traduit dans le XIIe Discours; nº XX traduit dans le XVIIe Discours. C) Die Vernünftigen Tadlerinnen (Franckfurt, Leipzig): nº I (3 janv. 1725) traduit dans le Ier Discours; nº III (17 janv. 1725) traduit dans le VIIIe Discours; nº IV (24 janvier 1725) traduit dans le XVe. Discours; nº VII (14 févr. 1725) traduit dans le XIXe Discours; nº XLIV (1er nov. 1726) traduit dans le IVe Discours. D) Bernisches Freytags-Blätlein (Bern): nº I de 1722 traduit dans le VIIe Discours; nº II de 1722 traduit dans le XIVe Discours; nº XV de 1723 traduit dans le Xe Discours; nº XVI de 1723 traduit dans le XIe Discours. Le XXe Discours, signé «Fernando», devrait également provenir de ce périodique, mais nous n'avons pas réussi à l'y retrouver.

Quant au IIe Discours, le seul qui ne soit pas une traduction de l'allemand, il reproduit en les commentant les lettres reçues par le journaliste à la suite du lancement de son numéro d'essai, lettres dont les dates semblent réelles, mais qui ne sont signées que de pseudonymes: «Les Belles desolées F.P.C.J.», «Philomuses», «Fernando de Manien», «Eugeno de Berneville», «Sincerius». D'autres lettres, également signées de pseudonymes («Constantius», «L. Mortalis», «Thersite», «Lisette La Hardie»), ont été insérées par le traducteur dans ses commentaires (p. 47-48, 89-90, 130, 151-154, 205-206 et 238-240).

Les commentaires et réflexions du traducteur, où se mêlent vers et prose, sont imprimés au bas des pages, en plus petits caractères, répondant à des appels de notes placés dans le texte et numérotés par discours. Quelque 200 notes originales s'ajoutent ainsi aux textes traduits.

Aucune table, ni des discours ni des matières.

7Exemplaires Seul exemplaire localisé: Bibliothèque publique, Yverdon, 3601 (ex. relié en demi-parchemin à coins, où le numéro d'essai a été relié entre le premier et le deuxième discours).

8Bibliographie Ce périodique était demeuré totalement inconnu jusqu'à maintenant. En 1972, dans mon répertoire des «gazettes helvétiques» (p. 171), je l'avais cité parmi les «périodiques non retrouvés» et ce n'est que dix ans plus tard que j'ai découvert l'exemplaire d'Yverdon.

Jean-Daniel CANDAUX

 

Δ 212. Emanuel Hortin (1704-1777) a dirigé de 1725 à 1767 l'Obere Druckerei de Berne (voir Internationale Ausstellung für Buchgewerbe und Graphik Leipzig 1914, Schweizerische Gutenbergstube, Führer durch die historische Ausstellung, Chronologie der Berner Buchdrucker 1537-1831, Bern, 1914, p. 20).

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)