ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 602

*HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE DES LETTRES (1779-1785)

1Titres Histoire de la République des Lettres et Arts en France Année [...].

2Dates 1779 - 1783 (l'Année 1781, absente des collections répertoriées a été publiée, voir Année 1783, fº n.p. à la fin).

Publication annuelle. Datation: Année 1779 (1780); Année 1780 (1781); Année 1782 (1783); Année 1783 (1785).

Permission tacite du 12 mai 1780, après rapport du censeur Guidi, puis rayée, et accordée de nouveau le 27 sept. 1781 et renouvelée les 12 décembre 1781 et 4 mai 1783 (R.L., R.P.).

3Description Collection composite (voir 7). Année 1779, [2]-198-[2] p. 24 p. par cahier.

Exemplaire broché (Munich): 106 x 183. Exemplaire relié (Ars.): 99 x 169, format in-12.

Devise: Indocti discant, et ament meminisse periti.

Bandeaux signés B.T. (Année 1779) et D. (Année 1783).

4Publication Amsterdam, et se trouve à Paris: Année 1779-1782: Quillau l'aîné, rue Christine; veuve Duchesne, rue Saint-Jacques; Esprit, au Palais-Royal. Année 1783: Quillau, veuve Duchesne; Belin, sur Saint Jacques; Merigot le jeune, quai des Augustins; Desenne, au Palais-Royal.

5Collaborateurs Robert-Martin LE SUIRE (Barbier, B.Un.).

6Contenu «Tableau» annuel de la vie des «lettres, sciences et arts cultivés par une Nation entière»; un «tableau pour la composition duquel il faut du goût, de l'ordonnance et de la vérité», mais pas de plan strict (Année 1779, Avant-Propos). «Mon but principal étant d'amuser, parce que c'est ce que les lecteurs recherchent le plus, je m'étendrai principalement sur les écrivains de pur agrément». Par ailleurs, «coup d'œil rapide» aux sciences et aux «modes régnantes». «Tout cela chaque année formera un petit volume». «Je peux montrer le jeu de la machine; mais je ne suis pas toujours obligé d'en faire voir les ressorts» (ibid., Introduction).

En 1783, il développe le «Plan de la 1ère Décade de cette Histoire» (Année 1782, p. 98-99) composée d'une Préface, d'une Lettre à Mlle Eléonore sur la littérature (déjà annoncée en 1781, Année 1780, Avis en fin, mais jamais publiée), de l'Histoire des années 1778 à 1787, d'un «Résumé général» et d'un choix de pièces en vers et en prose: voir l'historique pour la réalisation imparfaite de ce projet.

Contenu réel: divisée chaque année en une quinzaine de chapitres courts, l'Histoire reprend, en gros, le même plan sans qu'elle se fasse un devoir de suivre un ordre fixe: ouvrages de littérature, académies, spectacles, morts, beaux-arts, modes («l'esprit du jour», Année 1780, chap. XII). Souvent l'ouvrage ressemble à un catalogue. Mais il y a à y glaner. L'Année se termine par un chapitre intitulé «Résultat» où Le Suire tente en quelques pages, assez conventionnelles, d'en exprimer l'essence caractéristique.

Très nombreux auteurs cités, parmi lesquels: Année 1779: Ginguené, Linguet, d'Alembert, Diderot, Rousseau, Voltaire, Rétif de La Bretonne, Arnaud, Robinet, Marat, Mesmer, Chardin, Gluck, Philidor. Année 1780: Le Suire, Voltaire, Rousseau, Dorat, Gilbert, Court de Gébelin, Philidor, Piccinni, Piis et Barré, Soufflot. Année 1782: Rousseau, Delille, Béranger, Sylvain Maréchal, Rétif de La Bretonne, Coyer, Métastase, Condorcet. Année 1783: Saurin, Léonard, Le Suire, Noverre, Linguet, Mably, Duhamel du Monceau, d'Alembert, Vaucanson, Gautier-Dagoty, Quinquet, Montgolfier, Mesmer, Ducis, La Harpe, Grétry, Mme Vigée Lebrun, Mme Vallayer-Coster, Vernet, Winckelman.

Articles notables. Année 1779, chap. III: «Jean-Jacques Rousseau», chap. IV-VI: «Voltaire»; Année 1780, chap. V: «Voltaire et Jean-Jacques»; Année 1782, compte rendu des Liaisons dangereuses, des Confessions et des Rêveries; à la fin, œuvre originale: Purame et Céleste, anecdote.

Rapports avec la presse contemporaine. Année 1779, chap. VIII: «Les journaux et les journalistes» (Mercure; Annales politiques, Année littéraire); à la fin, «Lettre de M. Gourdin à M. Le Suire» (réplique aux attaques de l'Année littéraire); Année 1780, chap. II: «Almanachs et journaux»; Année 1782, chap. VII: «Goût, Journalistes» (compte rendu du Journal littéraire de Nancy); Année 1783: Lettre de Le Suire à Palissot contre les attaques de l'Année littéraire (p. 195-196).

Table en tête de livraison; errata en tête ou en fin.

En tête de l'Année 1782, liste des ouvrages de Le Suire; même liste en fin de l'Année 1783.

7Exemplaires Année 1779: Bayerische Staatsbibliothek, Munich, 8º P.O. gall. 1030 m.; Univ. Princeton. Année 1780: B.N., Z 22610; Ars., 8º H 26249; Univ. Princeton. Année 1782, 1783: Ars., 8º H 26249.

8Bibliographie B.Un., t. XXIV, p. 348; Cior 18, nº 39911. – Registre pour les permissions tacites (R.P.), B.N., ms. f. fr. 21982, nº 2304, f. 121r: permission tacite du 12 mai 1780, postérieurement «rayée». – Registre de la librairie pour les permissions (R.L.), B.N., ms. f. fr. 21983, nº 2304, p. 315. – Journal de Monsieur, 1781, t. V, p. 327-355 (compte rendu des Année 1779 et 1780, par l'abbé Royou). – Mercure de France, janv. 1784, p. 75-82 (compte rendu de l'Année 1782, avec extrait).

Historique Ouvrage annuel se rapprochant des périodiques, mais qui ressemble parfois à une bibliographie commentée ou à un nécrologe. L'aspect documentaire de l'Histoire domine: comptes rendus des nouveautés, modes diverses. La synthèse dont Le Suire se targue est faible, très conventionnelle, souvent mal écrite et baignant dans un optimisme pour partie de commande: «Comment ne serions-nous pas le peuple le plus gai, puisque nous sommes le plus heureux» (Année 1780, p. 127). Cela s'explique pourtant par la fin de la guerre avec l'Angleterre, la paix, «ce don céleste» (Année 1783, p. 193), et l'installation en Amérique d'un «gouvernement éclairé et bienfaisant» (Année 1782, p. 97). Mais Le Suire a le sentiment de vivre une époque de transition; son périodique commence en 1779, une année après la mort de deux géants de la littérature (Année 1779, Avant-Propos). L'essentiel des années suivantes est occupé encore par leurs ombres: parallèle du riche Voltaire et de Rousseau le démuni, attente de la publication des Confessions et des inédits de Rousseau (Année 1779, 1780, 1782), note de l'Essai sur Sénèque (Année 1779), etc. Le Suire voue à Rousseau une admiration équivoque, que refroidit singulièrement l'indécence qu'il trouve aux Confessions (Année 1782). Tout en se drapant dans le mépris, à la mode, du monde littéraire parisien, ces «lilliputiens» (Année 1782, p. 4), il ne manque aucune occasion de louer ses amis et, surtout, ses propres productions. Un chapitre assez confus tente même de persuader qu'il est l'inventeur du ballon dont les frères de Montgolfier et Faujas de Saind-Fond lui ont ravi l'idée (A. 1783, p. 65-85).

L'Histoire de la République des lettres n'est jamais loin de la propre histoire de Le Suire, qui s'y décharge de ses humeurs: polémique permanente avec l'Année littéraire de Fréron fils et l'abbé Royou, anti-gluckisme, méfiance à l'égard du néo-classicisme triomphant en art (Année 1779, chap. XIV). On peut lui reconnaître cependant la volonté de donner une stature historique à une «république» dont les héros sont, la plupart du temps, «nés dans une condition vulgaire» (ibid., Introduction).

L'Histoire de la République des Lettres demeura incomplète (voir 6): la Lettre à Mlle Eléonore n'a jamais paru, non plus que les Années 1778 et 1784 pourtant annoncées comme en voie de réalisation (Année 1783, p. 196). La dernière année publiée, 1783, vit le jour en 1785; il n'est pas étonnant que les suivantes, qui étaient prévues jusqu'en 1787, n'aient pas reçu un commencement d'exécution: cette «République des Lettres et Arts» annonçait fort peu d'autres républiques.

François MOUREAU

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)