ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 67

AFFICHES DE TOULOUSE 2 (1775-1777, 1781-1789)

1Titres Affiches et Annonces de Toulouse (4 janv. 1775 - 5 nov. 1777).

Devient ensuite: Affiches ou Journal local de Toulouse et Haut-Languedoc (12 nov. 1777 - 4 janv. 1778); Affiches, Annonces, Avis divers, &c.&c. de Toulouse et du Haut-Languedoc (1781-1785) (mais les feuilles elles-mêmes portent le titre: Affiches, Annonces, &c. de Toulouse, et du Haut-Languedoc et, à partir du 2 nov. 1785, celui de: Affiches et Annonces, de Toulouse, &c.); Affiches de Toulouse et du Haut-Languedoc (1786) (le titre des feuilles est: Affiches de Toulouse); Affiches, Annonces et Avis divers de Toulouse et du Haut-Languedoc (1787 - 16 déc. 1789) (les feuilles ont pour titre: Affiches de Toulouse et du Haut-Languedoc).

Continuées par: Journal universel, et Affiches de Toulouse et du Languedoc (23 déc. 1789 - 30 juin 1790). Ce journal connaîtra par la suite d'autres titres.

2Dates 4 janvier 1775 - 4 janvier 1778; 3 janvier 1781 - 16 décembre 1789. Permis d'imprimer et distribuer le Prospectus: 6 décembre 1774. Autre Permis lorsque les Affiches reparaissent: 5 décembre 1780.

Périodicité annoncée et respectée: hebdomadaire (le mercredi). En général, 52 numéros par an. Mais, en 1777, on compte 54 numéros (la dernière feuille de l'année [«surnuméraire»] étant datée du 4 janv. 1778) et, en 1788, 53.

Un volume par an (mais le 1er volume regroupe les 2 premières années).

3Description La livraison est en général de 4 p. sur 2 colonnes, parfois de 6 ou même 8. En 1775 et 1781, une «Suite des nouvelles Toulouse»; de 1781 à 1788, des «Suppléments» ordinairement non paginés.

Pagination continue par année: 214 p. (1775), 224 p. (1776), 216 p. (1777), 212 p. (1781), 210 p. (1782), 214 p. (1783), 212 p. (1784), 210 p. (1785), 216 p. (1786), 208 p. (1787), 216 p. (1788), 214 p. (1789; 206 p. jusqu'au nº 50 du 16 déc. 1789).

Cahiers de 8 p., dimensions variables (1775: 195 x 250, 1783: 200 x 275), in-4º.

De 1781 à 1785, la page de titre annuel porte la devise: Utile dulci; en 1786: Omne tulit punctum, qui miscuit utile dulci lectorem delectando, pariterque monendo. Horace Art. Poet.

Frontispice en 1781-1783.

4Publication 1775-1776, 1781 - 31 août 1785: A Toulouse, de l'imprimerie de Me Jean-Florent Baour, seul (imprimeur) juré de l'Université et Directeur des Affiches, rue Saint-Rome.

1777: A Toulouse, de l'imprimerie de J. Rayet, imprimeur-libraire, place du Palais.

7 septembre 1785 - 1789: de l'imprimerie de P.B.A. Robert, rue Sainte-Ursule à Saint-Thomas d'Aquin et se trouve au Bureau des Affiches chez Broulhiet, rue Saint-Rome (près celle du Mai).

Prix de l'abonnement annuel: 1775-1777: 6 # à Toulouse (feuille portée chez les abonnés), 7 # 10 s. pour le reste du royaume (franc de port) (pour les non-abonnés, le prix de chaque feuille est de 3 s.). 1781-1789: 6 # à Toulouse, 8 # ailleurs.

5Collaborateurs 1775-1776: directeur-rédacteur, Jean-Florent BAOUR. Janvier-juin 1777: directeur, J. RAYET; rédacteur, D'URBAINVILLE. 2 juillet 1777 - 4 janvier 1778: directeur-rédacteur, D'Urbainville. 1781 - 31 août 1785: directeur-rédacteur, Jean-Florent BAOUR (cependant, du 31 mars 1784 à septembre 1784, le rédacteur est: MARIE DE SAINT-GEORGES). 7 septembre 1785 - décembre 1789: directeur-rédacteur, Jean-Baptiste BROULHIET.

6Contenu Contenu annoncé (Prospectus du 6 déc. 1774): immeubles à vendre ou louer; charges, offices, rentes, meubles et autres effets mobiliers à vendre; annonces et avis divers; avis économiques; demandes particulières; jurisprudence; médecine, chirurgie et sciences qui s'y rapportent; commerce, arts, métiers et industries; naissances, mariages et morts; nouvelles particulières de Toulouse (événements remarquables, faits divers, théâtre, etc.).

Prospectus du nº 1 de janvier 1777: les différents articles sont repris et «raisonnés».

Prospectus intitulé «Introduction» qui précède le nº 1 du 4 janvier 1786: énoncé détaillé des matières en 35 rubriques.

Contenu réel: — annonces immobilières et mobilières, publicitaires, conservation des hypothèques, objets perdus et trouvés, demandes et offres d'emploi; — législation (lettres patentes, arrêts du Conseil d'Etat du Roi, déclarations, édits, ordonnances du Roi...) et administration; — jurisprudence; — nouvelles particulières de Toulouse (police, vie parlementaire, mondaine...) et d'autres villes de province, nouvelles régionales, quelques nouvelles de l'étranger; — faits divers, événements singuliers...; — naissances, mariages, centenaires, morts; — traits de bienfaisance et d'héroïsme; — nouvelles littéraires et artistiques, annonces de livres et périodiques, souscriptions, prospectus..., d'estampes, de gravures; spectacles; salons de peinture; programmes, prix, séances... des Académies et Sociétés savantes, parisiennes, provinciales et surtout toulousaines: Jeux Floraux, Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres, Académie de peinture, sculpture et architecture, Musée; antiquité, éducation...; pièces fugitives; — nouvelles scientifiques et techniques (expériences, inventions, découvertes; histoire naturelle, économie animale, phénomènes de nature; hydraulique, physique; chirurgie, médecine; arts et métiers utiles, économie rurale; observations météorologiques...); — variétés, anecdotes, traits historiques, extraits d'autres feuilles et papiers publics, dissertations, reproduction de lettres, harangues, discours, mandements...; — mercuriales.

A partir de 1789, nouvelle rubrique «Etats généraux» dont l'importance ne cesse de croître.

Centres d'intérêt: la vie toulousaine dans ses différents aspects; la vie régionale; les rapports de la province et de Paris.

Parmi les auteurs évoqués: Beaumarchais, Berquin, Dorat, Florian, La Harpe, Linguet, Piron, Thomas, Voltaire.

Table des matières: 25 juin 1777 (nº 26): récapitulation des principaux objets qui ont fixé l'attention au cours du 1er semestre de l'année. Dans le nº 52 du 28 décembre 1785, table alphabétique des principales matières traitées dans l'année (avec renvoi aux pages correspondantes).

7Exemplaires Collections étudiées: B.I. Toulouse, Rés. 93111 (1775-1777, 1781-1783); B.N., 4º Lc11 976 (1784-1789; la B.N. possède aussi les années 1781-1783); B.M. Toulouse, Rés. B XVIII 130 (années 1775, 1783).

8Bibliographie Blanc-Rouquette Th., La Presse et l'information à Toulouse des origines à 1789, Toulouse, 1967, p. 127 et suiv. – La Presse provinciale.

Historique Lancées avant 1760 — mais, si l'histoire des démêlés relatifs à l'obtention du privilège a pu être retracée par G. Feyel (La Presse provinciale, p. 11-13), aucun exemplaire n'a été à ce jour retrouv頗, les Affiches sont reprises en 1775 par Jean-Florent Baour, imprimeur reçu dans la corporation toulousaine le 9 août 1772 (Blanc-Rouquette, p. 131-133). Constatant que Toulouse est la seule des principales villes de province à ne pas disposer d'une «gazette domestique», Baour estime «rendre un service réel à sa patrie» (nº 37) en lui offrant un périodique susceptible de répondre à ses besoins. Et, d'emblée, parce qu'il désire instruire et intéresser ses lecteurs, il sollicite les secours indispensables de collaborateurs et de correspondants (Prospectus).

Le journal ne semble pas avoir été mal accueilli («digne de blâme», certes, selon les uns, mais aussi «digne de louange», selon les autres [nº 12]). Cependant, très tôt, des difficultés surgissent. En avril, Baour est en procès avec la Bazoche (cf. nº 15-19 et Blanc-Rouquette, p. 146-148), procès qu'il gagne d'ailleurs. D'autre part, dès le nº 12, il laisse entendre qu'il ne reçoit pas les secours espérés. Lorsqu'en décembre il fait une sorte de bilan de l'expérience de l'année (nº 52), il remarque que le premier objet fixé a été rempli et souligne l'«utilité réelle et généralement reconnue» des annonces et avis. Mais rien de tel quant au second objet (c'est-à-dire tout ce qui concerne «la partie littéraire») et cela par suite du défaut de «coopérateurs». Or la partie littéraire de la feuille ne saurait être que l'«ouvrage» de «concitoyens». «Au silence de tant de personnes qui pourraient parler et parler si bien», il a été obligé de substituer ses propres «bégaiements». Cependant, confiant dans l'«indulgence» et les «bontés» dont le public l'a jusque-là honoré (nº 49), soutenu par son zèle patriotique, il se déclare prêt à continuer, annonce (nº 50) qu'il va joindre à la dernière feuille de l'année un frontispice destiné à être mis en tête de la collection, et assure (nº 52) qu'il prendra désormais toutes les précautions pour que les feuilles ne s'égarent plus (certains lecteurs lui reprochent son peu d'exactitude à faire parvenir le journal).

Mais l'année 1776 lui réserve des difficultés croissantes. Outre qu'il n'échappe pas à l'embarras dans «le choix des matières», comme il en fait l'aveu dans le nº 2, le voici confronté à un nouveau procès, intenté, cette fois-ci, par la communauté des Procureurs (cf. nº 38-40 et Blanc-Rouquette, p. 148-149). Même s'il obtient gain de cause (il envoie sans frais aux abonnés de province son Mémoire réimprimé dans le cadre d'un Supplément du journal comme «hommage de [son] zèle», nº 38), il reconnaît non sans amertume que ce corps a «réuni toutes ses forces pour saper les fondements de [sa] fortune en barrant [son] travail» (nº 40). Et, peu après, il informe ses lecteurs qu'il renonce à son entreprise. «Les soins qu'exige notre imprimerie et les embarras de notre commerce ne nous permett[ent] plus de nous charger de la rédaction de cette feuille», écrit-il dans un Avis aux abonnés, tandis que, dans une déclaration «Au Public» insérée dans le dernier numéro de l'année (nº 52), il se présente comme la victime d'une «persécution», objet de «la haine» et de «l'envie» d'«esprits mal intentionnés». S'adressant au nouveau rédacteur, il ne lui cache pas les risques de la «carrière bien orageuse» où il s'engage, mais voit dans «l'érudition» de son successeur «le bouclier impénétrable contre lequel viendront se briser les traits de la satire». «Le public», ajoute-t-il, «trouvera dans la fécondité de votre goût, dans la tournure élégante de vos phrases et dans la sublimité de vos idées de quoi se dédommager abondamment de deux années de stérilité dans laquelle j'avais fait languir mes lecteurs». Par-delà les formules convenues, on devine une insatisfaction du public face à une feuille trop pauvre en articles «littéraires».

C'est ainsi qu'à Baour succède au titre de rédacteur un homme de lettres, d'Urbainville, Parisien établi professeur à Toulouse, cependant que J. Rayet, chez qui se trouve désormais le Bureau d'avis (nº 49), fait office à la fois d'imprimeur et de directeur. Dans le nº 1 qui tient lieu de Prospectus, d'Urbainville, désireux que les nouvelles particulières de la ville constituent «un article distingué», fait appel, à son tour, à la collaboration des concitoyens, et, reprenant un thème esquissé par Baour un an auparavant (1776, nº 2), distingue nettement les «gazettes» qui ont pour objet «les intérêts des nations» et les «Affiches» dont l'objet est d'«intérêt civil»: il s'agit, précise-t-il, «de lier le citoyen au citoyen par une communication mutuelle de lumières et de secours». Six mois plus tard (nº 26), il revient sur cette distinction et réaffirme, à l'intention de ceux qui confondent ou veulent confondre les genres, que «les feuilles d'économie civile» ne sont pas des «gazettes politiques» et qu'il ne saurait, «sans passer [ses] droits», satisfaire au «genre de curiosité qu'on s'obstine à exiger de [lui]». Cependant l'appel initialement lancé au concours des citoyens et repris notamment dans les nº 4 et 13 où il sollicite les libraires et imprimeurs toulousains, les notaires, greffiers, gardes des registres d'église, de communautés, de compagnies savantes... ne paraît pas être resté totalement vain, si, du moins, l'on se fie à la déclaration du 7 mai (nº 19): «Nous avons tout lieu de nous animer d'un nouveau zèle. A même que nous avançons, notre carrière s'étend. Les Mémoires nous sont adressés de toutes parts...». Toutefois, à la fin du premier semestre, d'Urbainville éprouve le besoin de procéder à une «récapitulation des principaux objets» traités dans les 26 premiers numéros pour «répondre aux personnes qui se plaignent avec excès du peu d'intérêt qu'elles prétendent qui règne dans nos feuilles» (nº 26).

Le 2 juillet 1777 (nº 27), est annoncée la cession du privilège à d'Urbainville qui n'était jusque-là que rédacteur (Rayet reste l'imprimeur). La nouvelle direction entend alors donner toute l'étendue que comporte l'approbation du privilège et, en novembre, définit «l'esprit de travail» qui va désormais présider à la composition du journal et que symbolise la modification du titre (nº 46): ce n'est plus aux seules nouvelles de Toulouse, mais à celles de toute la généralité (bourgs, communautés de campagne...) que doit s'ouvrir le périodique. Et d'Urbainville en vient même à envisager des «liaisons» entre provinces (liaisons d'intérêt civil et non politique, il va sans dire...). Un nouveau Prospectus est annoncé. Une réorganisation du journal est envisagée: les feuilles hebdomadaires seront complétées par des cahiers de supplément et le prix de l'abonnement sera élevé en conséquence (nº 47-48; Blanc-Rouquette, p. 156-158). D'Urbainville insiste sur le fait qu'il s'agit là d'«un seul et même ouvrage» (nº 54). Mais, prévoyant réticence ou méfiance, il finit par accepter qu'on ne s'abonne qu'aux feuilles: les premiers cahiers seront alors envoyés, et, s'ils ne plaisent pas, pourront être retournés, tandis que l'abonnement aux feuilles se poursuivra toute l'année. Comme les cahiers seront de format in-8º, les feuilles, quoique de caractère différent, adopteront ce même format dans lequel seront un jour réimprimées les Affiches de 1777 et peut-être même celles des deux années antérieures (ibid.). Mais, on le sait, de ces nouvelles Affiches assorties de cahiers et si pompeusement annoncées, nulle trace ne subsiste. Selon toute vraisemblance, l'élargissement du périodique est resté à l'état de projet.

Il faudra attendre 1781 pour que les Affiches reparaissent, et de nouveau à l'instigation de Baour. Dans son Prospectus, l'ancien directeur-rédacteur rappelle son expérience passée, fait allusion aux motifs financiers qui l'avaient contraint d'abandonner (il parle de «sommes considérables» qu'on exigeait de lui chaque année «et qui auraient absorbé ses profits»), et annonce qu'il vient de conclure «un traité plus avantageux» avec les «véritables propriétaires du privilège». Et, dans le nº 1, il ne peut s'empêcher d'évoquer, de façon d'ailleurs humoristique la direction et la ... fuite de d'Urbainville, ses fallacieuses promesses et ses indélicatesses...

Avec le retour de Baour, les Affiches vont connaître un sort régulier et paisible. Si la publication est suspendue pendant quinze jours, c'est que le journaliste part à la campagne «pour y faire des remèdes». Mais que les abonnés se rassurent: ils recevront leurs 52 numéros (1782, nº 39). Simplement, Baour rappelle, au début de 1782, l'interdiction qui lui est faite d'aborder des sujets politiques (toute l'histoire des Affiches de Toulouse laisse deviner une curiosité des lecteurs avides de cette sorte de sujets), et accepte, à partir d'avril 1784 (nº 13), parce que des abonnés se plaignent de la «stérilité» des feuilles, de s'associer «un écrivain connu par quelques travaux littéraires» et susceptible de satisfaire «les amateurs de sciences» de la ville, M. Marie de Saint-George, avocat au Parlement. On le voit, comme en 1775-1776, on reproche à Baour de ne pas suffisamment «orner» son journal «de morceaux intéressants de littérature et d'histoire». Mais l'association, à la faveur de laquelle les Affiches se distinguent par une plus grande abondance de comptes rendus «littéraires», ne dure guère. Le nº 38 du 22 septembre 1784 nous apprend que Marie de Saint-George a, pour des raisons d'honoraires, assigné Baour le 7 septembre... Baour reprend alors la rédaction qu'il assure jusqu'au 31 août 1785. A cette date, en effet, le journal annonce que «le sieur Broulhiet logé rue Saint Rome» est «le nouveau possesseur du privilège» et que «M. Robert de Saint Ursule est chargé de la partie typographique» (nº 35). Sous cette nouvelle direction (cf. Blanc-Rouquette, p. 162-166), les Affiches poursuivront leur cours normalement et sans changement profond jusqu'à la Révolution.

Robert GRANDEROUTE

 


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