ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1028

NOUVELLES ÉPHÉMÉRIDES ÉCONOMIQUES (1774-1788)

1Titres Nouvelles Ephémérides économiques ou bibliothèque raisonnée de l'histoire, de la morale et de la politique.

Continuation des Ephémérides du Citoyen.

2Dates Décembre 1774 - mars 1788. 10 volumes. D'après le cahier d'annonce de décembre 1774, le privilège des Ephémérides du citoyen continue.

Approbation: 3 décembre 1774.

Périodicité mensuelle, dans le cours de la 3e semaine du mois avec une longue interruption de juin 1776 à janvier 1788. 1788: bimensuelle, 1er et 3e dimanches. 12 livraisons par an, 5 vol. par an. Datation des volumes: déc. 1774 - nov. 1775 (t. I-VI), déc. 1775 - juin 1776, puis janv.-mars 1788 (t. VII-X).

3Description 2 livraisons par tomes, excepté le dernier où il y en 4. 400 p. environ par volume. Cahier entre 72 et 240 p., 95 x 163, in-12.

Devise: Quid turpe, quid utile, quid non. Horac.

Frontispice: scène campagnarde avec laboureur.

4Publication Paris, Lacombe; en 1788, Onfroi et Royez, quai des Augustins. Imprimeur: Didot, rue Pavée Saint-André, à la Bible d'Or. En 1788, Quilleau, rue Fouarre.

Souscription: on pouvait souscrire chez le Sieur Louvay, rue de Savoye, ou au Bureau de Correspondance, rue des Deux-Portes Saint-Sauveur. La plupart des souscripteurs venaient probablement des Ephémérides du Citoyen, terminées en 1773; le prix est de 24 #.

5Collaborateurs Nicolas BAUDEAU, abbé. Collaborateur régulier: le colonel de Saint-Maurice de Saint-Leu.

Collaborateurs occasionnels: Roubaud, Mercier de La Rivière, Billy; de Fréville, Bigot de Sainte-Croix, Quesnay, par leurs écrits.

6Contenu 1) Pièces détachées. 2) Critiques raisonnées. 3) Evénements publics, au dire du cahier d'annonce.

Le contenu réel est un enseignement sur les principes de l'économie, par des discours, essais, lettres critiques, statuts, extraits, éloges, traits de bienfaisance, histoire des finances; on publie aussi des critiques des économistes et des réponses.

Centres d'intérêt: les impôts, le luxe, la richesse, les arts et métiers, le commerce, l'art militaire, l'agriculture, l'éducation, la vie économique, la production, la société, avec des comparaisons avec d'autres pays.

Auteurs étudiés: Colbert, Condillac, Montesquieu, Necker, Quesnay, Rousseau (rarement nommé).

Tables intégrées au commencement ou à la fin de chaque numéro.

7Exemplaires Bibliothèque de l'Institut Giangiacomo, Milan; Ars., 4º Jo 18643 bis, jusqu'à 1776.

8Bibliographie B.H.C, H.P.L.P., H.G.P.

Réédition: Milan, Feltrinelli, 1969, 10 vol. (B.N., Z 21948-21954).

Historique Après la disparition des Ephémérides du citoyen en 1772, les physiocrates restèrent sans organe officiel ni voix forte dans le monde politique. L'avènement de Turgot au pouvoir en 1774 changea subitement leur fortune. Il fallait dès lors expliquer leurs théories, quelque peu obscures à un grand public et répondre aux critiques devenus plus inquiets. Le journal fut donc repris sous le titre de Nouvelles Ephémérides, dirigé par l'ancien rédacteur l'abbé Baudeau.

En tête du premier tome, celui-ci résuma les principes économiques qu'il développa, avec exemples, au cours du journal. L'idée qui prime, c'est celle qui revit aujourd'hui avec les «distributists» anglais: l'agriculture est la source de toutes les richesses. Le gouvernement doit favoriser la culture plus que les manufactures et assurer la liberté dans le commerce des denrées et l'indépendance dans la direction des exploitations agricoles. Le journal signala avec louanges les statuts qui répondirent à ses vues, les appuyant sur des preuves statistiques de meilleure productivité. Les Nouvelles Ephémérides rappelèrent aussi les avantages de tels changements, aux très pauvres, dans la ferme et ailleurs. Les articles sur l'art militaire eurent le même but humanitaire: vaincre aussi vite que possible dans les guerres puisqu'elles amènent inévitablement la misère.

L'exposé d'autres doctrines fait voir le système. Il ne faut pas que le commerce soit contrôlé par le gouvernement, que les corporations et les communautés exercent des monopoles, que les droits et les impôts épuisent les profits et le nécessaire: il faut plutôt laisser faire. Cette maxime vaut aussi pour la forme du gouvernement: ces physiocrates se montrent persuadés que la monarchie est la meilleure règle de la société. Par contre il y a des circonstances où le gouvernement doit intervenir. Cela est exigé quand les prix tombent au-dessous d'un certain niveau, ou quand une augmentation des salaires est suivie d'une augmentation des prix, ou bien pour effectuer des améliorations d'une grande étendue, les canaux en Bourgogne, par exemple. C'est plutôt aux individus de faire d'autres améliorations, d'encourager le travail des académies, de faire instruire leurs enfants. De longs articles dans lesquels les auteurs mettent l'accent sur l'aspect scientifique de leur entreprise, démontrent chacun de ces principes dans des cas particuliers. Un seul exemple: on prouve que la suppression des droits sur le poisson frais et salé fit croître ce commerce à un degré énorme (1775, t. IV, 3e partie).

Une apologie des économistes se dessina en même temps. Il sont enthousiastes et sectaires, mais selon eux, c'est qu'ils ont raison. Tout en admettant quelques critiques de leur système, ils produisent des témoignages de convaincus et se hâtent de préciser en plusieurs articles les théories auxquelles tient le vrai physiocrate.

Muni de cette confiance, Baudeau osa lui-même critiquer. Il suggéra indirectement des réformes par l'histoire des finances royales et par une ample information sur de meilleures conditions en Angleterre, Russie et Suède. Plus ouvertement, il demande la suppression de la corvée et de certains impôts de base sur les boissons, le tabac et le sel. C'est finalement une de ces critiques qui mit fin aux Nouvelles Ephémérides. Baudeau venait de gagner un procès occasionné par un article sur la caisse de Poissy quand un autre, sur les impôts supplémentaires levés clandestinement pendant la guerre de Sept Ans, fit supprimer le journal (juin 1776).

L'indomptable rédacteur essaya de nouveau, 12 ans plus tard, en janvier 1788 de faire revivre le journal. Malgré la protection de l'archevêque de Toulouse, la reprise ne dura que trois mois.

Kathleen HARDESTY DOIG

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)