ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 401

ESSAIS DE LITTÉRATURE (1702-1704)

1Titres Essays de Litterature pour la connoissance des livres.

«Essays» devient «Essais» le 15 avril 1703.

2Dates 15 juillet 1702 - 15 juillet 1704. Revue mensuelle. Privilège du 28 mai 1702, approbation du 9 juin 1702 pour la première livraison, du 22 juillet 1702 pour la seconde. Tricaud annonce dans sa Préface: «Si ce premier Essay est goûté, on en donnera autant tous les mois». Après un retard durant l'été 1702 (2e livraison publiée en septembre), la périodicité sera respectée jusqu'à la fin.

3Description Chaque tome est censé rassembler les six livraisons du semestre écoulé; seule l'année 1703 comporte deux tomes. La collection complète devrait comporter 4 volumes: t. I (juil. - déc. 1702), t. II (janv. - avril 1703), t. III (mai - déc. 1703), t. IV (janv. - juil. 1704); mais aucune des collections consultées ne répond exactement à cette distribution. Le plus souvent, on trouvera rassemblées diverses pièces suscitées par les controverses de Tricaud; ainsi, dans le t. IV de la collection de Lyon: Supplément des Essays de Litterature de Faydit, 32 p. de pièces diverses, Remarques critiques sur le livre intitulé, Esssais de Litterature pour la connoissance des livres «par le Sieur Pelhestre». La B.N. conserve la plupart des livraisons séparées.

Cahiers de 24 p., format in-12º, 75 x 140. Le nombre de pages des livraisons est très variable: de 72 à 224 p. (juin-juil. 1703).

4Publication A Paris, chez Jean Moreau, rue Saint-Jacques; Pierre-Auguste Le Mercier, rue du Foin, à Saint-Ambroise.

5Collaborateurs Anthelme TRICAUD (1671-1739). Le Supplément est de l'abbé Faydit, dont le nom est signalé par Tricaud dans les pièces diverses du t. II (p. 33). Les Remarques critiques sont signées par Pelhestre, «Bibliothécaire des Cordeliers de Paris» (Préface de Tricaud du 15 avril 1703, s.p.).

6Contenu «... le dessein que je me propose icy, est de ne traiter précisément que de certains livres recommandables par leur antiquité, par leur rareté, ou par leur singularité; de discerner les meilleures Editions qui en ont été faites; d'indiquer les endroits qui en ont fait supprimer quelques uns, & ceux qu'on a retranchez ou ajoutez à d'autres; & de rendre surtout au public la connoissance de certains Livres curieux & secrets, que le tems a fait périr ou a fait devenir si rares, qu'ils sont entièrement inconnus» (Préface, t. I).

Fidèle à ce propos, qui s'accompagne d'arrière-pensées sur les censures dues à divers «moines» et «théologiens» hostiles au jansénisme, l'abbé Tricaud multiplie les remarques érudites, dans le goût de Bayle, sur des ouvrages rares et curieux: De Virgine veneta (attribuée par Tricaud à Guillaume Postel, ce qui déclenchera une interminable polémique), les Recherches de la France d'Etienne Pasquier, les Dialogues de Vanini, les Sermons du Frère Olivier Maillard, les Dits prophétiques des Sybilles, des extraits des textes de Platon traduits par Marsile Ficin, divers écrits de Calvin, de Grotius, etc. Cet intérêt pour les textes protestants, mais aussi pour les libertins italiens ou pour la «philosophie naturelle» devait lui attirer toutes sortes de polémiques, dont rend compte le Supplément.

7Exemplaires B.N., Q 3553-3574; Ars., 8º H 24737; B.M. Lyon, 347511.

8Bibliographie Les Essais ont été réédités en 3 vol. à La Haye en 1703, avec des notes destinées à réfuter l'abbé Tricaud. Les Mémoires de Trévoux ont consacré aux Essais deux lettres en janvier et avril 1703.

Historique Anthelme Tricaud, chanoine d'Ainay à Lyon, se fait connaître en 1702 par les Essais de littérature, dont une Préface belliqueuse annonçait suffisamment la liberté de jugement. Sans doute réside-t-il alors à Lyon: dans son Avertissement d'août 1702, il se justifie des fautes d'impression et des inexactitudes qui ont altéré sa livraison de juillet; il vit dans la solitude avec ses livres, et ne peut multiplier les relectures et les références. Dans la «Lettre de l'abbé d'H***» en octobre 1702, il est dit résider à «cent lieues de Paris». Il sera effectivement contraint de publier, pour chaque livraison des Essais, de longues listes d'erratas. Ce qui a fait le succès des Essais dès la première livraison, c'est sans doute la curiosité d'esprit, parfois un peu sulfureuse, de l'abbé, mais aussi son goût prononcé pour l'histoire, la biographie et l'anecdote, grâce à quoi il parvient, comme il le dit lui-même, à alléger l'«aridité» des ouvrages dont il parle (Avertissement, août 1702). Son premier article, sur Postel et le De Virgine veneta, a soulevé des tempêtes; Tricaud publie en septembre une «Réponse», puis en octobre la «Lettre de Mr. l'abbé d'H***», tandis qu'on imprime à La Haye une réédition des Essais, avec les notes d'un «sçavant de Hollande, dont le nom est fort connu parmi les gens de lettres» (Préface, avril 1703); on prononcera même le nom de Bayle... A Paris même, Faydit obtient une approbation, le 4 mars 1703 (suivie d'un privilège le 24 mars), pour son Supplément; Pelhestre obtient de son côté, pour les Remarques critiques, une approbation le 30 mars et un privilège le 3 avril: preuve, s'il en faut, que les adversaires de Tricaud ne manquaient pas d'appuis. Les jésuites ne semblent pas avoir ménagé leur peine, et c'est à eux que Tricaud adresse, en juin-juillet 1703, sa «Réponse à la Critique de M. Pelhestre, aux deux lettres anonymes des Journaux de Trévoux, janvier & avril, de l'édition d'Amsterdam, & aux Notes du second et troisième Volume des Essais de Littérature de l'Edition de La Haye». Sans doute a-t-on essayé, par divers moyens, de lui imposer le silence, sans y parvenir. On sait qu'en décembre 1704, une lettre de cachet sera délivrée contre lui, en raison de son jansénisme (DP2, art. «Tricaud»). Ses convictions religieuses, sa bonne foi et son amour des lettres, son indépendance ont fait le succès de son premier ouvrage. Bonardy a résumé beaucoup plus tard, après la mort de Tricaud, ce qui faisait l'originalité de son caractère, et aussi de son journal: «L'honneur et la probité ne lui étaient pas moins chers [que la religion], et il avait une érudition sacrée et profane fort variée qui le faisait écouter avec plaisir, quoiqu'il fût quelquefois narrateur diffus et trop épisodique» (lettre à Bouhier du 21 juil. 1739, Correspondance littéraire du président Bouhier, éd. H. Duranton, Université de Saint-Etienne, 1977, p. 46).

Jean SGARD

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)